Читать онлайн La justice du cœur бесплатно
Chapitre 1 : La vie en rose
Le claquement rythmé des talons d'Emma résonnait dans le couloir du prestigieux cabinet d'avocats Pearson & Hartley. Ses pas assurés la menaient vers son bureau, situé au 42ème étage d'une tour étincelante de Manhattan. Le soleil matinal se reflétait sur les baies vitrées, baignant l'open space d'une lumière dorée qui semblait n'être là que pour elle.
– Bonjour Emma ! Belle journée, n'est-ce pas ? lança Sarah, sa secrétaire, en lui tendant un gobelet de café fumant.
Emma lui adressa un sourire radieux. – Magnifique journée, Sarah. Comme toujours.
Et c'était vrai. Chaque jour semblait plus beau que le précédent dans la vie d'Emma Collins, 28 ans, la plus jeune associée de l'histoire du cabinet. Diplômée avec mention de Yale, elle avait gravi les échelons à une vitesse fulgurante, impressionnant ses pairs par son intelligence acérée et son travail acharné.
En pénétrant dans son bureau aux lignes épurées, Emma jeta un coup d'œil à la photo encadrée sur son bureau : elle et James, son fiancé, tout sourire devant la tour Eiffel. Dans trois mois exactement, ils se diraient "oui" lors d'une cérémonie somptueuse à Central Park. La bague de fiançailles à son doigt scintilla, comme pour lui rappeler ce bonheur imminent.
Emma s'installa à son bureau et alluma son ordinateur. Sa journée était chargée : deux rendez-vous avec des clients importants, une réunion stratégique avec les associés seniors, et la finalisation d'un contrat pour une fusion d'entreprises valorisée à plusieurs millions de dollars. Mais elle se sentait prête, comme toujours.
Son téléphone vibra. Un message de James :
N'oublie pas, dîner chez mes parents ce soir. Je t'aime.
Emma sourit. James Hartley, fils de l'un des fondateurs du cabinet, était l'homme parfait. Attentionné, brillant, et follement amoureux d'elle. Leur rencontre, trois ans plus tôt lors d'un gala de charité, avait été comme un coup de foudre. Depuis, ils formaient le couple en vue de la haute société new-yorkaise.
Elle se plongea dans ses emails, triant efficacement les urgences des tâches qui pouvaient attendre. Son esprit vif analysait chaque situation, anticipant les problèmes potentiels et élaborant déjà des stratégies. C'était ce don pour l'anticipation qui avait fait d'elle une avocate si redoutable.
À 10h précises, elle se leva pour son premier rendez-vous. Mr. Thompson, PDG d'une entreprise pharmaceutique en pleine expansion, l'attendait dans la salle de conférence. Emma ajusta son tailleur Chanel, vérifia rapidement son reflet dans la vitre – parfait, comme d'habitude – et se dirigea d'un pas décidé vers la réunion.
– Mr. Thompson, ravi de vous revoir, dit-elle en lui serrant fermement la main. J'ai étudié votre dossier en détail et j'ai quelques propositions qui, je pense, vont vous intéresser.
Pendant l'heure qui suivit, Emma exposa avec brio sa stratégie pour protéger les brevets de l'entreprise tout en maximisant ses opportunités d'expansion à l'international. Mr. Thompson, d'abord sceptique, fut rapidement conquis par la clarté de son exposé et la pertinence de ses arguments.
– Miss Collins, je dois avouer que je suis impressionné, conclut-il à la fin de la réunion. Vous avez dépassé mes attentes. Je signe où vous voulez.
Emma rayonnait intérieurement. Une victoire de plus à son actif. Elle raccompagna Mr. Thompson jusqu'à l'ascenseur, échangeant quelques plaisanteries sur le dernier match des Yankees.
De retour à son bureau, elle nota avec satisfaction que Sarah avait déjà préparé les documents pour la signature du contrat. – Que ferais-je sans vous, Sarah ? lança-t-elle avec un clin d'œil.
– Oh, probablement la même chose, mais avec un peu plus de stress, répondit sa secrétaire en riant.
Emma s'apprêtait à retourner à son travail quand on frappa à la porte. C'était Mr. Pearson en personne, le patriarche du cabinet.
– Emma, ma chère, pouvez-vous passer dans mon bureau ? J'ai une affaire… particulière à vous confier.
Intriguée, Emma le suivit. Qu'est-ce qui pouvait bien être si important pour que Mr. Pearson vienne la chercher en personne ?
Dans le bureau majestueux aux murs lambrissés, Mr. Pearson lui fit signe de s'asseoir. Son air grave inquiéta légèrement Emma.
– Emma, vous êtes notre meilleur élément. C'est pourquoi je pense que vous êtes la seule à pouvoir gérer ce dossier.
Il lui tendit une chemise en carton. Emma l'ouvrit et ses yeux s'écarquillèrent en voyant la photo qui ornait la première page. Un homme aux traits durs, le visage couvert de tatouages, la fixait d'un regard intense.
– Voici Jake Donovan. Un cas… complexe. Il est accusé de braquage à main armée, mais il clame son innocence. Le juge vous a désignée comme avocate commise d'office.
Emma sentit son cœur s'emballer. Un criminel ? Elle qui ne s'occupait que d'affaires civiles et de fusions-acquisitions ?
– Mais, Mr. Pearson, je n'ai aucune expérience en droit pénal…
Le vieil homme leva la main pour l'interrompre. – Je sais, Emma. Mais nous avons confiance en vous. Cette affaire pourrait avoir des… ramifications importantes. Nous avons besoin de quelqu'un de fiable, de discret, et d'extrêmement compétent.
Emma fixa à nouveau la photo de Jake Donovan. Quelque chose dans son regard la troublait, sans qu'elle puisse dire pourquoi.
– Très bien, Mr. Pearson. J'accepte.
Le vieux patriarche sembla soulagé. – Excellent. Je savais que je pouvais compter sur vous, Emma. Vous rencontrerez Mr. Donovan demain matin à la prison de Rikers Island. Tous les détails sont dans le dossier.
Emma quitta le bureau de Mr. Pearson, le dossier serré contre elle. Son esprit tournait à plein régime, essayant déjà d'anticiper les défis que cette nouvelle affaire allait lui poser. Elle n'avait jamais reculé devant un défi, et ce ne serait pas aujourd'hui qu'elle commencerait.
De retour à son bureau, elle plongea dans le dossier de Jake Donovan, absorbant chaque détail avec une concentration intense. Les heures passèrent sans qu'elle s'en rende compte, oubliant même de déjeuner.
Ce fut la voix de Sarah qui la tira de sa lecture. – Emma ? Il est presque 18h. Tu ne devrais pas te préparer pour ton dîner ?
Emma sursauta. Le dîner chez les parents de James ! Elle l'avait complètement oublié.
– Mon Dieu, Sarah, vous êtes un ange ! Que ferais-je sans vous ?
Elle rangea rapidement ses affaires, glissa le dossier Donovan dans son sac – elle l'étudierait ce soir après le dîner – et se précipita vers l'ascenseur.
Dans le taxi qui la conduisait vers l'Upper East Side, Emma tenta de se recentrer sur la soirée à venir. Les parents de James étaient des gens charmants, mais toujours un peu intimidants. Elizabeth Hartley, en particulier, avait des standards élevés pour son fils unique.
Le taxi la déposa devant une élégante maison de ville. Emma prit une profonde inspiration et sonna.
Ce fut James qui ouvrit la porte, son sourire chaleureux apaisant instantanément les nerfs d'Emma.
– Te voilà enfin, dit-il en l'embrassant tendrement. J'ai cru que tu allais me faire faux bond.
– Jamais de la vie, répondit Emma en lui rendant son baiser. Tu sais bien que je ne manquerais ça pour rien au monde.
James la conduisit au salon où ses parents les attendaient. Richard Hartley se leva pour l'accueillir chaleureusement, tandis qu'Elizabeth l'évaluait d'un œil critique mais bienveillant.
– Emma, ma chère, vous êtes resplendissante, dit Elizabeth en l'embrassant. Ce tailleur vous va à ravir.
– Merci, Elizabeth. Vous êtes très élégante vous aussi.
La conversation s'engagea naturellement, tournant autour des dernières nouvelles du cabinet, des préparatifs du mariage, et des projets de James pour développer la branche internationale de Pearson & Hartley.
– Et vous, Emma, demanda Richard alors qu'ils passaient à table, j'ai cru comprendre que mon vieil ami Pearson vous avait confié une affaire spéciale ?
Emma faillit s'étrangler avec son vin. Comment était-il déjà au courant ?
– Eh bien, oui, dit-elle prudemment. Une affaire un peu inhabituelle pour moi, à vrai dire. Un cas de droit pénal.
Elizabeth haussa un sourcil. – Du droit pénal ? Ce n'est pas vraiment votre domaine, si je ne m'abuse.
– En effet, acquiesça Emma. Mais Mr. Pearson pense que je suis la mieux placée pour gérer ce dossier. Je prends ça comme un défi intéressant.
– Voilà qui est parlé ! s'exclama Richard. J'ai toujours su que vous iriez loin, Emma. Vous avez l'étoffe des grands avocats.
James posa sa main sur celle d'Emma, la serrant doucement. – Je suis sûr que tu vas briller, comme toujours.
Le reste du dîner se déroula dans une ambiance détendue, ponctuée d'anecdotes amusantes et de discussions animées sur l'actualité. Emma se sentait à sa place, parfaitement intégrée dans cette famille qui serait bientôt la sienne.
Alors qu'ils prenaient le café au salon, Elizabeth aborda le sujet du mariage. – Avez-vous choisi votre robe, ma chère ? Le temps passe si vite, il ne faudrait pas prendre de retard.
Emma sourit. – Ne vous inquiétez pas, Elizabeth. J'ai rendez-vous chez Vera Wang la semaine prochaine. Tout sera prêt à temps.
– Parfait, approuva Elizabeth. Ce mariage sera l'événement de l'année, j'en suis certaine.
Il était près de minuit quand Emma et James prirent congé. Dans la voiture qui les ramenait vers leur appartement de Tribeca, Emma se blottit contre son fiancé, savourant ce moment de calme.
– Ça s'est bien passé, non ? demanda James.
– Comme toujours, répondit Emma en souriant. Tes parents sont adorables.
James l'embrassa tendrement. – Ils t'adorent, tu sais. Presque autant que moi.
De retour à l'appartement, Emma se dirigea vers la salle de bain pour se démaquiller, tandis que James se servait un dernier verre.
– Tu viens te coucher ? demanda-t-il en la voyant ressortir son ordinateur portable.
– Dans un moment, répondit Emma. J'ai encore quelques détails à vérifier sur un dossier.
James secoua la tête, mi-amusé, mi-exaspéré. – Tu ne t'arrêtes donc jamais ?
Emma lui adressa un sourire d'excuse. – Tu me connais. Je n'aime pas laisser les choses en suspens.
– D'accord, mais ne tarde pas trop. Tu as besoin de repos.
Emma acquiesça distraitement, déjà plongée dans le dossier de Jake Donovan. Elle relut attentivement le rapport de police, notant les incohérences et les zones d'ombre. Quelque chose clochait dans cette affaire, elle en était certaine.
Ses yeux revinrent sur la photo de Jake. Malgré son apparence rude, il y avait quelque chose dans son regard… une vulnérabilité, peut-être ? Elle secoua la tête. Ne te laisse pas avoir par les apparences, Emma. Tu es là pour faire ton travail, rien de plus.
Il était près de 2h du matin quand elle referma enfin son ordinateur. James dormait déjà profondément quand elle se glissa dans le lit. Emma fixa le plafond, incapable de trouver le sommeil. Son esprit bouillonnait, anticipant déjà sa rencontre avec Jake Donovan le lendemain.
Alors qu'elle sombrait enfin dans un sommeil agité, Emma ne pouvait se défaire de l'impression que cette affaire allait changer sa vie. Elle était loin d'imaginer à quel point elle avait raison.
Chapitre 2 : Un cas pas comme les autres
Le réveil sonna à 5h30, tirant Emma d'un sommeil agité. Elle avait l'habitude des réveils matinaux, mais ce matin-là, une boule d'appréhension lui nouait l'estomac. Dans quelques heures, elle rencontrerait Jake Donovan, l'homme dont la photo l'avait tant troublée la veille.
À côté d'elle, James dormait encore profondément. Emma se glissa hors du lit, prenant soin de ne pas le réveiller. Elle enfila sa tenue de sport et sortit silencieusement de l'appartement pour son jogging matinal.
L'air frais de New York la revigora instantanément. Alors qu'elle courait le long de l'Hudson River, Emma tenta de mettre de l'ordre dans ses pensées. Pourquoi Mr. Pearson lui avait-il confié cette affaire ? Qu'est-ce qui rendait ce cas si particulier ? Et surtout, pourquoi se sentait-elle si étrangement attirée par ce dossier ?
De retour à l'appartement, elle trouva James dans la cuisine, en train de préparer le petit-déjeuner.
– Bon matin, ma chérie, dit-il en l'embrassant. Prête pour ta grande journée ?
Emma força un sourire. – Aussi prête que possible. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre.
James lui tendit une tasse de café. – Tu vas assurer, comme toujours. N'oublie pas qui tu es : Emma Collins, la meilleure avocate de New York.
– La plus jeune associée, nuança Emma en riant. Pas forcément la meilleure.
– Pour moi, tu l'es, répliqua James avec un clin d'œil.
Emma termina son café, reconnaissante pour le soutien indéfectible de son fiancé. Elle se doucha rapidement et enfila son tailleur le plus sobre. Pas question d'arriver à Rikers Island dans une tenue trop tape-à-l'œil.
Le trajet jusqu'à la prison fut plus long que prévu, le trafic new-yorkais étant particulièrement dense ce matin-là. Emma en profita pour relire une dernière fois le dossier de Jake Donovan.
Trente-deux ans, originaire du Bronx. Casier judiciaire chargé : quelques délits mineurs dans sa jeunesse, puis deux ans de prison pour complicité de vol. Sorti depuis cinq ans, il semblait s'être rangé. Jusqu'à cette accusation de braquage à main armée dans une bijouterie de l'Upper East Side.
Les preuves semblaient accablantes : un témoin l'avait formellement identifié, et les caméras de surveillance montraient un homme de sa corpulence, le visage dissimulé sous une cagoule. Pourtant, Jake clamait son innocence avec véhémence.
Emma soupira. Ce ne serait pas une affaire facile, loin de là. Mais quelque chose dans ce dossier l'intriguait. Les incohérences qu'elle avait repérées la veille ne cessaient de la titiller.
Le taxi la déposa devant l'imposante structure de Rikers Island. Emma prit une profonde inspiration avant de se diriger vers l'entrée. Les formalités d'usage prirent un temps interminable : contrôles de sécurité, vérification de son identité et de son autorisation de visite. Enfin, un gardien la conduisit vers la salle d'interrogatoire.
– Votre client est déjà là, Miss Collins, l'informa-t-il. Frappez à la porte quand vous aurez terminé.
Emma hocha la tête, le cœur battant. Elle poussa la lourde porte métallique et entra dans la pièce.
Jake Donovan était assis à la table, menotté. En chair et en os, il était encore plus impressionnant que sur la photo. Grand, musclé, le corps couvert de tatouages, il dégageait une aura de danger qui fit frissonner Emma malgré elle. Pourtant, quand il leva les yeux vers elle, elle fut frappée par la même vulnérabilité qu'elle avait perçue sur la photo.
– Bonjour, Mr. Donovan, dit-elle en s'asseyant face à lui. Je suis Emma Collins, votre avocate commise d'office.
Jake la dévisagea un moment avant de répondre. – Vous n'avez pas l'air d'une avocate commise d'office.
Emma haussa un sourcil. – Et à quoi est censée ressembler une avocate commise d'office, Mr. Donovan ?
Un léger sourire étira les lèvres de Jake. – Pas à quelqu'un qui porte du Chanel, en tout cas.
Emma se maudit intérieurement. Elle aurait dû opter pour un tailleur moins reconnaissable.
– Peu importe mon apparence, Mr. Donovan. Je suis ici pour vous défendre, et je compte bien le faire au mieux de mes capacités.
Jake hocha lentement la tête. – Très bien. Par où commençons-nous ?
– Par le commencement, répondit Emma en ouvrant son dossier. Racontez-moi votre version des faits.
Pendant l'heure qui suivit, Jake détailla sa journée du 15 mai, le jour du braquage. Il affirma avoir passé l'après-midi chez lui, à travailler sur des designs de tatouages pour son projet d'ouverture de salon.
– J'ai des preuves, insista-t-il. Des esquisses datées, des échanges de mails avec des fournisseurs. Je n'ai pas quitté mon appartement de la journée.
Emma prenait des notes frénétiquement. Son instinct lui disait que Jake ne mentait pas, mais les preuves contre lui restaient solides.
– Et le témoin qui vous a identifié ? demanda-t-elle.
Jake secoua la tête, frustré. – Je ne comprends pas. Je ne connais pas cette femme. Je n'ai jamais mis les pieds dans cette bijouterie. Il doit y avoir une erreur.
Emma réfléchit un moment. – Mr. Donovan, avez-vous un alibi pour l'heure exacte du braquage ? Quelqu'un qui pourrait confirmer que vous étiez chez vous ?
Jake baissa les yeux. – Non. J'étais seul. Ma copine… mon ex-copine était censée passer, mais on s'est disputés au téléphone. Elle n'est jamais venue.
Emma nota ce détail. Ce n'était pas idéal, mais ce n'était pas non plus rédhibitoire.
– Très bien, dit-elle en refermant son dossier. Je vais examiner tout ça de près. Je vais avoir besoin de ces preuves dont vous m'avez parlé : les esquisses, les emails, tout. Pouvez-vous me les faire parvenir ?
Jake acquiesça. – Mon frère a les clés de mon appart. Il peut vous les apporter.
– Parfait. Je vais aussi demander à voir les bandes de vidéosurveillance. Il faut que je voie par moi-même ce fameux suspect.
Alors qu'Emma se levait pour partir, Jake la retint. – Miss Collins ?
– Oui ?
– Merci. De me croire.
Emma hésita un instant. – Je ne crois rien pour l'instant, Mr. Donovan. Je fais simplement mon travail.
Mais au fond d'elle-même, elle savait que ce n'était pas tout à fait vrai. Quelque chose chez cet homme l'intriguait, la poussait à vouloir creuser plus loin.
De retour au cabinet, Emma s'enferma dans son bureau pour éplucher le dossier. Elle était tellement absorbée qu'elle sursauta quand Sarah frappa à sa porte.
– Emma ? Mr. Pearson voudrait vous voir dans son bureau.
Emma jeta un coup d'œil à sa montre. Il était déjà 18h. La journée avait filé à une vitesse vertigineuse.
Dans le bureau de Mr. Pearson, l'ambiance était tendue. Le vieux patriarche n'était pas seul : Richard Hartley, le père de James, était également présent.
– Ah, Emma, entrez, dit Mr. Pearson. Richard et moi parlions justement de l'affaire Donovan.
Emma s'assit, mal à l'aise. – J'ai rencontré le client ce matin. Je commence à peine à étudier le dossier.
Richard Hartley se pencha en avant. – Emma, ma chère, nous nous inquiétons un peu. Cette affaire… elle pourrait avoir des répercussions importantes sur le cabinet.
– Je ne comprends pas, dit Emma, perplexe. En quoi un cas de braquage pourrait-il affecter Pearson & Hartley ?
Mr. Pearson et Richard échangèrent un regard.
– Le propriétaire de la bijouterie braquée, expliqua Mr. Pearson, est un de nos plus gros clients. Il fait pression pour que cette affaire soit réglée rapidement.
Emma sentit une boule se former dans sa gorge. – Vous voulez que je pousse Jake Donovan à plaider coupable ?
– Ce serait la solution la plus… simple, acquiesça Richard.
Emma n'en croyait pas ses oreilles. – Mais… et s'il est innocent ?
Mr. Pearson soupira. – Emma, vous êtes brillante, mais parfois un peu naïve. Dans ce milieu, l'innocence et la culpabilité sont des notions… flexibles.
– Je ne peux pas faire ça, protesta Emma. Ce serait contraire à l'éthique, à tout ce en quoi je crois.
– Réfléchissez-y, Emma, insista Richard. Votre avenir au sein du cabinet pourrait en dépendre.
Emma sortit du bureau, la tête tournant. Était-ce pour cela que Mr. Pearson lui avait confié cette affaire ? Pour la tester ? Pour voir jusqu'où allait sa loyauté envers le cabinet ?
Elle retourna dans son bureau, l'esprit en ébullition. Le dossier de Jake Donovan était ouvert sur son bureau. Elle fixa la photo de l'homme aux yeux troublants, déchirée entre son devoir envers le cabinet et son instinct qui lui criait que quelque chose clochait dans cette histoire.
Son téléphone vibra. Un message de James :
Tout va bien ? Tu rentres tard. Je t'attends pour dîner.
Emma ferma les yeux un instant. Comment pourrait-elle expliquer tout ça à James ? Son père était impliqué. Leur mariage approchait. Tout semblait soudain si compliqué.
Elle rangea ses affaires, prit le dossier Donovan et quitta le bureau. Dans le taxi qui la ramenait chez elle, Emma prit une décision. Elle ne pouvait pas abandonner Jake sans avoir exploré toutes les pistes. Elle lui devait au moins ça.
Quand elle arriva à l'appartement, James l'attendait avec un verre de vin.
– Dure journée ? demanda-t-il en l'embrassant.
Emma hocha la tête, incapable de mettre des mots sur le tourbillon d'émotions qui l'agitait.
– Tu veux en parler ? proposa James.
Emma hésita. Devait-elle lui parler de la conversation avec son père ? Des doutes qui la rongeaient ?
– Pas maintenant, dit-elle finalement. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour… digérer tout ça.
James la serra dans ses bras. – Je comprends. Je suis là si tu as besoin de moi.
Emma se blottit contre lui, reconnaissante pour sa présence rassurante. Mais au fond d'elle-même, elle savait que les jours à venir allaient mettre à l'épreuve tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu'elle pensait savoir sur elle-même et sur le monde qui l'entourait.
Alors qu'elle s'endormait cette nuit-là, l'i de Jake Donovan flottait dans son esprit. Qui était vraiment cet homme ? Était-il coupable ou victime d'une terrible erreur judiciaire ? Et jusqu'où était-elle prête à aller pour découvrir la vérité ?
Emma s'enfonça dans un sommeil agité, consciente que les réponses à ces questions pourraient bien changer le cours de sa vie à jamais.
Chapitre 3 : Première rencontre
Le lendemain matin, Emma se réveilla avant que son réveil ne sonne. Elle n'avait que peu dormi, son esprit tournant en boucle sur l'affaire Donovan et la conversation troublante qu'elle avait eue avec Mr. Pearson et Richard Hartley. À côté d'elle, James dormait paisiblement, inconscient du tumulte qui agitait sa fiancée.
Elle se leva silencieusement et se dirigea vers la cuisine pour se faire un café. Alors que la cafetière ronronnait doucement, Emma sortit le dossier Donovan de son sac et l'étala sur la table de la cuisine. Elle avait besoin de revoir tous les éléments, de s'assurer qu'elle n'avait rien manqué.
Le bruit de pas dans le couloir la fit sursauter. James apparut, les cheveux ébouriffés et l'air encore endormi.
– Tu es déjà debout ? demanda-t-il en bâillant. Il est à peine 5h du matin.
Emma lui adressa un sourire d'excuse. – Je n'arrivais pas à dormir. Cette affaire… elle me travaille.
James s'approcha et l'embrassa tendrement sur le front. – Tu veux en parler ?
Emma hésita. Elle mourrait d'envie de partager ses doutes, ses inquiétudes, mais comment expliquer à James que son propre père lui avait demandé de compromettre son éthique professionnelle ?
– C'est juste… compliqué, finit-elle par dire. Je ne suis pas sûre de savoir comment gérer cette affaire.
James la serra dans ses bras. – Tu es la meilleure avocate que je connaisse, Emma. Fais-toi confiance. Tu trouveras la bonne solution.
Emma se blottit contre lui, reconnaissante pour son soutien inconditionnel. Mais au fond d'elle-même, elle savait que la situation était bien plus complexe que ce que James imaginait.
– Je dois y aller, dit-elle en se dégageant doucement. J'ai rendez-vous à Rikers Island dans deux heures.
– Fais attention à toi, répondit James. Et n'oublie pas : ce soir, on a le dîner de répétition pour le mariage.
Emma acquiesça, un pincement au cœur. Avec tout ce qui se passait, elle avait presque oublié les préparatifs du mariage. Elle se sentait tiraillée entre sa vie personnelle qui semblait suivre son cours normal et cette affaire qui menaçait de tout bouleverser.
Une heure plus tard, Emma était dans un taxi en direction de Rikers Island. Elle avait opté pour un tailleur-pantalon sobre, déterminée à ne pas répéter l'erreur de la veille. Alors que la voiture s'engageait sur le pont menant à la prison, Emma sentit son estomac se nouer. Pourquoi était-elle si nerveuse à l'idée de revoir Jake Donovan ?
Les formalités d'entrée lui parurent interminables. Enfin, on la conduisit à la salle de visites des avocats. Jake était déjà là, assis à la table, ses mains menottées reposant devant lui. Quand il leva les yeux vers elle, Emma fut à nouveau frappée par l'intensité de son regard.
– Bonjour, Mr. Donovan, dit-elle en s'asseyant face à lui.
– Jake, corrigea-t-il. Appelez-moi Jake.
Emma hésita un instant avant d'acquiescer. – Très bien, Jake. J'ai examiné votre dossier en détail et j'ai quelques questions supplémentaires à vous poser.
Pendant l'heure qui suivit, Emma interrogea Jake sur chaque détail de sa journée du 15 mai. Elle fut impressionnée par la précision de ses réponses, par la façon dont il semblait se souvenir de chaque minute de cette journée fatidique.
– Vous comprenez, expliqua-t-il, quand on sort de prison, on devient hyper-conscient de chaque instant. On sait que le moindre faux pas peut nous y renvoyer.
Emma hocha la tête, touchée par la vulnérabilité qui perçait dans sa voix. – Jake, je dois vous poser une question délicate. Avez-vous des ennemis ? Quelqu'un qui pourrait vouloir vous piéger ?
Jake eut un rire amer. – Miss Collins, j'ai passé deux ans en prison. Bien sûr que j'ai des ennemis. Mais de là à monter un coup pareil… je ne sais pas.
– Appelez-moi Emma, dit-elle impulsivement, surprise par ses propres paroles.
Jake la regarda un long moment, comme s'il essayait de lire en elle. – Emma, dit-il finalement. Pourquoi vous faites ça ? Pourquoi vous vous donnez tant de mal pour moi ?
La question prit Emma au dépourvu. Pourquoi, en effet ? Elle qui n'avait jamais traité d'affaire pénale, pourquoi s'investissait-elle autant dans ce cas ?
– Parce que c'est mon travail, répondit-elle, mais sa voix manquait de conviction.
Jake secoua la tête. – Non, il y a autre chose. Vous ne me croyez pas coupable, n'est-ce pas ?
Emma soupira. – Ce que je crois n'a pas d'importance, Jake. Ce qui compte, c'est ce que je peux prouver.
– Mais vous allez essayer ? insista-t-il. Vous allez vraiment chercher la vérité ?
Emma le regarda droit dans les yeux. – Oui, Jake. Je vous le promets. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour découvrir la vérité.
Le soulagement qui se peignit sur le visage de Jake la troubla profondément. Elle réalisa soudain à quel point sa promesse comptait pour lui, à quel point il s'accrochait à cet espoir.
Alors qu'elle s'apprêtait à partir, Jake l'arrêta. – Emma ? Merci. Vraiment.
Elle hocha simplement la tête, incapable de trouver les mots justes.
De retour au cabinet, Emma s'enferma dans son bureau, déterminée à éplucher chaque détail du dossier. Elle était tellement absorbée qu'elle sursauta quand quelqu'un frappa à sa porte.
– Entrez, dit-elle distraitement.
C'était Sarah, sa secrétaire. – Emma ? Il y a quelqu'un qui demande à vous voir. Il dit que c'est à propos de l'affaire Donovan.
Emma fronça les sourcils. – Je n'ai pas de rendez-vous prévu. Qui est-ce ?
– Il dit s'appeler Mike Donovan. Le frère de votre client.
Emma se redressa, soudain alerte. – Faites-le entrer, Sarah.
Mike Donovan était l'opposé de son frère. Petit, mince, l'air nerveux, il semblait mal à l'aise dans le bureau luxueux d'Emma.
– Miss Collins ? dit-il en lui serrant maladroitement la main. Jake m'a dit de vous apporter ça.
Il lui tendit une grande enveloppe marron. Emma l'ouvrit avec empressement. À l'intérieur, elle trouva des esquisses de tatouages datées du jour du braquage, ainsi que des impressions d'emails échangés avec des fournisseurs.
– C'est tout ce que j'ai pu trouver dans son appartement, expliqua Mike. J'espère que ça aidera.
Emma parcourut rapidement les documents. C'était exactement ce dont elle avait besoin pour commencer à construire un alibi solide pour Jake.
– Merci, Mr. Donovan. C'est très utile.
Mike hésita un instant avant de parler à nouveau. – Miss Collins… Jake est innocent, vous savez. Il a fait des conneries dans le passé, mais il avait vraiment changé. Ce salon de tatouage, c'était son rêve.
Emma sentit son cœur se serrer devant la détresse évidente de Mike. – Je ferai tout mon possible pour découvrir la vérité, Mr. Donovan. Je vous le promets.
Après le départ de Mike, Emma se replongea dans le dossier avec une énergie renouvelée. Les heures défilèrent sans qu'elle s'en rende compte. Ce fut la voix de James qui la tira de sa concentration.
– Emma ? Tu es prête ?
Elle leva les yeux, désorientée. – James ? Quelle heure est-il ?
– Presque 19h. On va être en retard pour le dîner de répétition.
Emma jura intérieurement. Elle avait complètement oublié. – Donne-moi cinq minutes, dit-elle en commençant à ranger frénétiquement ses affaires.
Dans le taxi qui les conduisait au restaurant, James lui jeta des regards inquiets. – Tout va bien, Emma ? Tu sembles… préoccupée.
Emma força un sourire. – Tout va bien. C'est juste cette affaire qui me prend beaucoup d'énergie.
James lui prit la main. – Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ?
Emma sentit la culpabilité l'envahir. Elle aurait voulu tout lui raconter : ses doutes sur l'affaire, la conversation troublante avec son père, l'étrange connexion qu'elle ressentait avec Jake Donovan. Mais comment expliquer tout cela sans risquer de tout bouleverser ?
– Je sais, dit-elle simplement en serrant sa main.
Le dîner de répétition se déroula comme dans un brouillard pour Emma. Elle souriait, répondait aux questions sur les préparatifs du mariage, mais son esprit était ailleurs. Elle ne cessait de penser aux documents que Mike lui avait apportés, aux pistes qu'elle devait encore explorer.
– Emma ? l'appela Elizabeth Hartley. Vous m'écoutez ?
Emma sursauta. – Je suis désolée, Elizabeth. Vous disiez ?
La mère de James la regarda d'un air inquiet. – Je vous demandais si vous aviez choisi les fleurs pour la cérémonie.
– Oh, euh… pas encore. Je m'en occuperai bientôt, promis.
Elizabeth échangea un regard avec son mari. – Ma chère, tout va bien ? Vous semblez… distraite.
Emma sentit tous les regards se tourner vers elle. – Je vais bien, assura-t-elle. C'est juste… le travail. Une affaire compliquée.
– Ah oui, intervint Richard Hartley. Cette fameuse affaire dont Pearson m'a parlé. Comment ça se passe ?
Emma se raidit. Le ton de Richard était léger, mais elle percevait la tension sous-jacente. – Ça avance, dit-elle prudemment. C'est… complexe.
– J'imagine, acquiesça Richard. N'oubliez pas ce dont nous avons parlé, Emma. Parfois, la solution la plus simple est la meilleure.
Emma sentit la colère monter en elle. Comment osait-il suggérer à demi-mot qu'elle devrait compromettre son éthique, et ce devant toute sa famille ?
– Je ferai ce qui est juste, Mr. Hartley, répondit-elle d'un ton plus sec qu'elle ne l'aurait voulu.
Un silence gêné s'abattit sur la table. James lui lança un regard interrogateur, mais Emma l'évita. Elle ne pouvait pas lui expliquer, pas maintenant, pas ici.
Le reste de la soirée se déroula dans une ambiance tendue. Emma avait l'impression d'étouffer, prise entre les attentes de sa future belle-famille, son devoir envers Jake, et ses propres doutes croissants.
Quand ils rentrèrent enfin à l'appartement, Emma était épuisée, physiquement et émotionnellement.
– Tu veux en parler ? demanda doucement James alors qu'ils se préparaient à se coucher.
Emma hésita. Elle mourrait d'envie de se confier, de partager le poids qui pesait sur ses épaules. Mais comment expliquer à James que son père lui demandait de trahir ses principes ? Comment lui dire qu'elle commençait à douter de tout ce en quoi elle avait cru jusqu'à présent ?
– Pas ce soir, dit-elle finalement. Je suis juste… fatiguée.
James la serra contre lui. – Je suis là, tu sais. Quand tu seras prête à en parler.
Emma se blottit contre lui, reconnaissante pour sa présence rassurante. Mais alors qu'elle fermait les yeux, ce n'est pas le visage de James qu'elle vit. C'était celui de Jake Donovan, ses yeux intenses la fixant, pleins d'espoir et de confiance.
Elle s'endormit d'un sommeil agité, sachant que les jours à venir allaient mettre à l'épreuve tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu'elle pensait savoir sur elle-même et sur le monde qui l'entourait.
Dans ses rêves, Emma se voyait debout à un carrefour. D'un côté, la vie qu'elle avait toujours connue : le prestigieux cabinet d'avocats, son mariage avec James, la sécurité et le confort. De l'autre, un chemin incertain, semé d'embûches, mais au bout duquel brillait une lumière d'une intensité éblouissante. Et au milieu de cette lumière, le visage de Jake Donovan, lui tendant la main.
Emma se réveilla en sursaut, le cœur battant. Elle regarda James qui dormait paisiblement à côté d'elle et sentit une vague de culpabilité l'envahir. Que lui arrivait-il ? Pourquoi cette affaire la bouleversait-elle autant ?
Alors que l'aube commençait à poindre, Emma prit une décision. Elle allait au fond de cette affaire, quoi qu'il en coûte. Elle devait la vérité à Jake, mais aussi à elle-même. Et si cela signifiait remettre en question tout ce qu'elle croyait savoir sur sa vie, sur son monde, alors qu'il en soit ainsi.
Elle se leva silencieusement, s'habilla et quitta l'appartement avant que James ne se réveille. Elle avait du travail à faire, des pistes à explorer. Et peut-être, quelque part au bout de ce chemin, des réponses aux questions qui ne cessaient de la tourmenter.
Emma Collins, la brillante avocate promise à un avenir radieux, était sur le point de plonger dans une aventure qui allait changer sa vie à jamais. Et quelque part au fond d'elle-même, malgré la peur et l'incertitude, elle ne s'était jamais sentie aussi vivante.
Chapitre 4 : Creuser sous la surface
L'aube pointait à peine lorsqu'Emma franchit les portes du cabinet Pearson & Hartley. Le bâtiment était silencieux, la plupart des employés n'arrivant que dans quelques heures. C'était exactement ce dont Emma avait besoin : du calme pour réfléchir et travailler sans interruption.
Elle s'installa à son bureau, étalant devant elle les documents que Mike Donovan lui avait apportés la veille. Les esquisses de tatouages étaient impressionnantes, révélant un talent artistique qu'elle n'aurait pas soupçonné chez Jake. Emma se surprit à tracer du doigt les contours d'un phénix majestueux, symbole de renaissance. Était-ce ainsi que Jake se voyait ? Un homme cherchant à renaître de ses cendres, à laisser derrière lui son passé trouble ?
Secouant la tête pour chasser ces pensées, Emma se concentra sur les emails. Ils confirmaient les dires de Jake : il avait effectivement été en contact avec des fournisseurs le jour du braquage. Mais était-ce suffisant pour prouver son innocence ? Emma en doutait. Elle avait besoin de plus.
Soudain, une idée lui traversa l'esprit. Les caméras de surveillance de la bijouterie ! Elle n'avait pas encore eu l'occasion de visionner les bandes. C'était peut-être là que se cachait la clé de cette affaire.
Emma décrocha son téléphone et composa le numéro du procureur chargé de l'affaire. Après plusieurs sonneries, une voix endormie lui répondit.
– Allo ?
– Procureur Johnson ? Ici Emma Collins. Je suis désolée de vous déranger si tôt, mais c'est au sujet de l'affaire Donovan.
Il y eut un bref silence à l'autre bout de la ligne. – Miss Collins, il est 6h du matin. Cela ne pouvait pas attendre ?
Emma prit une profonde inspiration. – Je sais, et je m'en excuse. Mais j'ai besoin d'accéder aux bandes de vidéosurveillance de la bijouterie. C'est crucial pour la défense de mon client.
Elle entendit le procureur soupirer. – Très bien. Passez à mon bureau dans la journée, je vous les ferai parvenir.
– Merci, Monsieur. J'y serai dès que possible.
Emma raccrocha, un sentiment de triomphe l'envahissant. C'était un petit pas, mais un pas dans la bonne direction.
Les heures suivantes passèrent comme un éclair. Emma plongea dans les méandres juridiques de l'affaire, cherchant la moindre faille, le moindre détail qui pourrait jouer en faveur de Jake. Elle était tellement absorbée qu'elle n'entendit pas Sarah entrer dans son bureau.
– Emma ? Emma !
Elle sursauta, levant les yeux de ses documents. – Sarah ? Quelle heure est-il ?
– Presque midi. Tu es là depuis quand ?
Emma jeta un coup d'œil à sa montre, surprise. – Depuis l'aube, je suppose. J'avais du travail à faire.
Sarah la regarda d'un air inquiet. – Tu devrais faire une pause, tu sais. Manger quelque chose.
Emma secoua la tête. – Pas le temps. Je dois aller voir le procureur Johnson pour récupérer des preuves.
Alors qu'elle rassemblait ses affaires, son téléphone vibra. C'était un message de James :
Tout va bien ? Tu étais partie quand je me suis réveillé. Déjeuner ensemble ?
Emma sentit une pointe de culpabilité. Elle avait complètement oublié de le prévenir.
Désolée, beaucoup de travail. On se voit ce soir ?
La réponse ne tarda pas :
D'accord. Ne te surmène pas trop. Je t'aime.
Emma fixa l'écran un long moment, un sentiment de malaise grandissant en elle. Pourquoi avait-elle soudain l'impression que sa vie lui échappait ?
Le trajet jusqu'au bureau du procureur lui sembla interminable. Emma ne cessait de repenser à Jake, à l'intensité de son regard lorsqu'il lui avait demandé de croire en son innocence. Elle se surprit à espérer que les bandes vidéo révéleraient quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait l'innocenter.
Le procureur Johnson la reçut avec un air maussade. – Miss Collins, j'espère que vous avez une bonne raison de bouleverser ainsi les procédures.
Emma se redressa, déterminée à ne pas se laisser intimider. – Mon client a droit à une défense équitable, Monsieur. Ces vidéos sont essentielles pour établir la vérité.
Johnson la fixa un long moment avant de soupirer. – Très bien. Voici une copie des bandes. Mais je vous préviens, elles sont accablantes pour votre client.
Emma prit la clé USB qu'il lui tendait, sentant son cœur s'accélérer. – Je serai juge de cela, Monsieur. Merci de votre coopération.
De retour au cabinet, Emma s'enferma dans son bureau et inséra la clé USB dans son ordinateur. Les is étaient de bonne qualité, montrant clairement l'intérieur de la bijouterie. Emma retint son souffle lorsque le braqueur fit son entrée.
Il était grand, musclé, correspondant à la description de Jake. Son visage était dissimulé par une cagoule, mais quelque chose dans sa démarche, dans sa posture, intrigua Emma. Elle rejoua la séquence plusieurs fois, scrutant chaque détail.
Soudain, elle remarqua quelque chose. Le braqueur avait un tic, une façon particulière de bouger son épaule gauche. Emma se souvint avoir vu Jake lors de leurs rencontres à Rikers Island. Il n'avait pas ce tic.
C'était ténu, mais c'était un début. Emma sentit l'excitation monter en elle. Elle avait besoin d'en savoir plus sur ce tic, de comprendre s'il pouvait être lié à une blessure ou une particularité physique qui pourrait disculper Jake.
Sans réfléchir, elle composa le numéro de Rikers Island. – Bonjour, ici Maître Emma Collins. J'ai besoin de parler à mon client, Jake Donovan. C'est urgent.
Après quelques minutes d'attente qui lui parurent une éternité, la voix grave de Jake résonna dans le combiné. – Emma ? Que se passe-t-il ?
– Jake, écoutez-moi attentivement. Avez-vous déjà eu une blessure à l'épaule gauche ? N'importe quoi qui aurait pu affecter votre mouvement ?
Il y eut un silence à l'autre bout de la ligne. – Non, jamais. Pourquoi ?
Emma sentit son cœur s'emballer. – Le braqueur sur la vidéo a un tic à l'épaule gauche. Un mouvement très spécifique. Si nous pouvons prouver que ce n'est pas vous…
– Emma, l'interrompit Jake, sa voix soudain tendue. Il y a quelque chose que je dois vous dire. Quelque chose que je n'ai dit à personne.
Elle se figea. – Je vous écoute.
– Le jour du braquage, j'étais bien chez moi, comme je vous l'ai dit. Mais… j'ai reçu un visiteur. Quelqu'un que je n'aurais pas dû voir.
Emma sentit son estomac se nouer. – Qui, Jake ?
– Mon ancien codétenu, Liam. Il est sorti de prison quelques mois avant moi. Il… il voulait que je participe à un coup. J'ai refusé, je lui ai dit que j'avais changé. Il est parti furieux.
Emma ferma les yeux, assimilant cette nouvelle information. – Pourquoi ne me l'avez-vous pas dit plus tôt ?
– J'avais peur, admit Jake. Liam a des connexions. Je ne voulais pas mettre ma famille en danger. Mais si ça peut m'aider à prouver mon innocence…
– Ça change tout, Jake, dit Emma, son esprit tournant à toute vitesse. Je vais creuser de ce côté. En attendant, ne parlez de ça à personne d'autre, compris ?
– Compris. Et Emma… merci. De me croire.
Emma raccrocha, le cœur battant. Elle avait enfin une piste solide, quelque chose qui pourrait innocenter Jake. Mais cette révélation soulevait aussi de nouvelles questions. Qui était ce Liam ? Était-il lié au braquage ? Et si oui, pourquoi avoir piégé Jake ?
Perdue dans ses pensées, Emma ne remarqua pas immédiatement que quelqu'un se tenait à la porte de son bureau. Quand elle leva les yeux, elle sursauta en voyant Mr. Pearson.
– Emma, ma chère, j'aimerais vous voir dans mon bureau. Maintenant.
Le ton de sa voix ne présageait rien de bon. Emma le suivit, un sentiment de malaise grandissant en elle.
Dans le bureau majestueux aux murs lambrissés, Mr. Pearson n'était pas seul. Richard Hartley était là aussi, ainsi que James. Emma sentit son cœur manquer un battement. Qu'est-ce que James faisait là ?
– Emma, commença Mr. Pearson d'une voix grave, nous sommes inquiets. Il semblerait que vous vous investissiez… excessivement dans cette affaire Donovan.
Emma se raidit. – Je fais simplement mon travail, Monsieur. Mon client a droit à la meilleure défense possible.
Richard Hartley intervint, son ton paternaliste irritant Emma au plus haut point. – Ma chère, nous comprenons votre enthousiasme. Mais il faut savoir où sont vos priorités. Cette affaire pourrait avoir des répercussions importantes sur le cabinet, sur votre avenir ici.
Emma sentit la colère monter en elle. – Mes priorités ? Mes priorités sont de faire respecter la loi, de défendre mon client au mieux de mes capacités. N'est-ce pas ce pour quoi j'ai été formée ?
James s'avança, posant une main sur son bras. – Emma, calme-toi. Nous voulons juste t'aider. Tu travailles jour et nuit sur cette affaire, tu négliges tout le reste. Le mariage, notre vie ensemble…
Emma se dégagea brusquement. – Notre vie ensemble ? James, il s'agit de la vie d'un homme ! Si Jake est innocent…
– Si Jake est innocent ? l'interrompit Mr. Pearson, les sourcils froncés. Emma, les preuves sont accablantes. Votre rôle n'est pas de prouver son innocence, mais de négocier le meilleur accord possible pour lui.
Emma les regarda tour à tour, réalisant soudain à quel point elle se sentait étrangère dans cette pièce, parmi ces hommes qu'elle avait toujours admirés et respectés.
– Je ne peux pas faire ça, dit-elle finalement, sa voix à peine plus qu'un murmure. Je ne peux pas abandonner Jake sans avoir exploré toutes les pistes. Ce ne serait pas juste.
Richard Hartley soupira profondément. – Emma, soyez raisonnable. Votre avenir est ici, avec nous, avec James. Ne gâchez pas tout pour un criminel.
Ces mots furent la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Emma sentit quelque chose se briser en elle.
– Un criminel ? répéta-t-elle, sa voix tremblante de colère. Et si c'était vous ? Si c'était James ? Ne voudriez-vous pas que quelqu'un se batte pour vous, qu'on vous donne une chance de prouver votre innocence ?
Un silence pesant s'abattit sur la pièce. Emma regarda James, cherchant dans ses yeux un signe de compréhension, de soutien. Mais tout ce qu'elle y vit fut de l'incompréhension et de la déception.
– Je suis désolée, dit-elle finalement. Je ne peux pas faire ce que vous me demandez. Ce ne serait pas… moi.
Sur ces mots, elle quitta le bureau, ignorant les appels de James derrière elle. Elle traversa le cabinet d'un pas rapide, consciente des regards curieux de ses collègues, mais n'en ayant cure.
Ce n'est qu'une fois dans la rue qu'Emma s'autorisa à respirer profondément. Que venait-elle de faire ? Avait-elle vraiment risqué sa carrière, son mariage, toute sa vie pour un homme qu'elle connaissait à peine ?
Pourtant, au milieu du chaos émotionnel qui l'habitait, Emma ressentit aussi un étrange sentiment de libération. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait l'impression d'agir en accord avec ses convictions les plus profondes.
Son téléphone vibra. C'était un message de Sarah :
J'ai entendu ce qui s'est passé. Tout va bien ? Besoin d'aide ?
Emma sourit malgré elle. Au moins, elle avait encore une alliée.
Ça va. J'ai besoin que tu me trouves tout ce que tu peux sur un certain Liam, ancien détenu sorti de Rikers Island il y a environ un an. Possible lien avec l'affaire Donovan.
La réponse ne tarda pas :
Je m'en occupe. Fais attention à toi, Emma.
Emma rangea son téléphone, son esprit déjà focalisé sur la suite. Elle avait une nouvelle piste à explorer, un nom à creuser. Quelque part là-dedans se cachait la vérité, elle en était certaine.
Alors qu'elle hélait un taxi, Emma réalisa qu'elle était à un tournant de sa vie. Les choix qu'elle ferait dans les jours à venir allaient définir non seulement l'issue de l'affaire Donovan, mais aussi le cours de sa propre existence.
Le taxi s'arrêta devant elle. – Où allons-nous, Madame ?
Emma hésita un instant avant de donner l'adresse de Rikers Island. Elle avait besoin de voir Jake, de lui parler face à face. Elle devait comprendre pourquoi cette affaire la touchait tant, pourquoi elle était prête à tout risquer pour lui.
Alors que la voiture s'engageait dans la circulation dense de New York, Emma ferma les yeux, laissant les événements de la journée tourbillonner dans son esprit. Elle ne savait pas où tout cela allait la mener, mais une chose était claire : il n'y aurait pas de retour en arrière possible.
Le trajet jusqu'à Rikers Island lui parut interminable. Emma ne cessait de repasser dans sa tête la confrontation avec Mr. Pearson, Richard et James. Avait-elle vraiment fait le bon choix ? N'était-elle pas en train de tout gâcher pour une chimère ?
Mais chaque fois que le doute l'assaillait, le visage de Jake s'imposait à elle, ses yeux intenses emplis d'espoir et de confiance. Elle ne pouvait pas l'abandonner, pas maintenant qu'elle avait une piste concrète.
Arrivée à la prison, Emma dut patienter de longues minutes avant qu'on ne l'autorise à voir Jake. Quand il entra enfin dans la salle de visite, elle fut frappée par son air fatigué et inquiet.